pourquoi la deuxiéme trilogie
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pourquoi la deuxiéme trilogie
« Je ne voudrais pas paraître grossier mais, dites-moi, votre deuxième trilogie, vous l’avez écrite parce que vous aviez des choses à dire ou pour des raisons uniquement commerciales ? »
Voici à quelques mots près et sans transformer le sens général du propos la question qui m’a été posée il y a peu de temps par le papa d’un lecteur d’Ewilan lors d’un salon du livre. Un papa sympathique, une question logique, à laquelle j’avais déjà réfléchi et pour laquelle je me sentais au clair, une question absolument pas gênante… sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’elle me soit posée de manière si directe.
J’ai bafouillé une réponse confuse, le papa a eu la délicatesse de s’en satisfaire et nous sommes passés à autre chose. En rentrant à la maison, je me suis remémoré la scène et j’ai décidé de jeter mes pensées sur une feuille juste pour voir si j’étais aussi clair que ça.
Souvenirs…
J’ai écrit « La Quête d’Ewilan » pour une seule et unique raison : j’avais envie de le faire. Auteur débutant, auteur inconnu, mes chances qu’un manuscrit de trois fois trois-cent pages soit accepté étaient bien maigres. Je m’en fichais. Non, bien sûr, je ne m’en fichais pas vraiment mais le refus de mon texte par un éditeur n’avait aucun effet sur le besoin et le plaisir que j’avais à écrire mon histoire.
J’ai eu de la chance. Rageot a accepté « La Quête ». Je me souviens très bien de la démesure de ma joie comme je me souviens avoir confié à mon éditrice très peu de temps après : « J’ai des tas d’idées pour la suite, si vous voulez, je vous en parle… » Sa réponse m’a ramené sur terre, en droite ligne, sans train d’atterrissage : « Nous travaillons sur une trilogie, c’est déjà un projet énorme. Il est hors de question de réfléchir maintenant à la suite de quelque-chose qui n’existe pas encore ! » Ce « détail » étant réglé, nous avons pu passer aux choses sérieuse.
L’aventure « Ewilan » a débuté. Une belle aventure. Une aventure magique. Comme prévu, un travail énorme, long, fatigant mais aussi gratifiant, euphorisant, superbe. Des jours et des jours de corrections, d’échanges de mails et de courriers, de corrections, de critiques écrites et orales, de corrections, de coups de fils interminables, de corrections… puis trois livres qui sortent à une cadence rapide. Un brin d’attente. Les premiers retours. Des lecteurs qui apprécient, des critiques plutôt bonnes, des libraires séduits, des chiffres de vente séduisants…
Pas de chevilles enflées chez Rageot ou à la maison. Juste le sentiment d’avoir bien bossé et, au-delà du résultat, le plaisir d’avoir créé des liens, dépassé le simple rapport éditeur / auteur pour trouver un équilibre travail / affect assez génial.
La Quête était achevée, c’était chose acquise, il fallait passer à autre chose. Très bien. J’avais justement quelques projets qui… Ewilan et ses copains, tapis dans un recoin de mon esprit n’étaient pas d’accord. Pas du tout d’accord. « Tout n’a pas été dit, me susurraient-ils la nuit. Tu n’as pas tout expliqué. Que devenons-nous ? Salim est-il marchombre ? Eléa Ril’ Morienval manigance-t-elle toujours ? Ellana et Edwin ont-ils un avenir commun ? Tu le sais, toi, non ? Pourquoi refuses-tu de l’écrire ? » De quoi basculer dans la schizophrénie…
J’ai d’abord fait la sourde oreille puis, un jour d’été 2003, j’ai osé aborder le sujet. J’avais beau être persuadé que j’allais me faire ramasser, que mon idée n’avait aucune chance de séduire quiconque, il fallait pourtant que je parle, que j’essaie de convaincre sous peine d’exploser… « Il ne s’agit pas de reprendre les murs de la Quête et de changer la tapisserie, ai-je expliqué à l’équipe Rageot. Je veux partir sur quelque chose de différent, quelque chose de plus sombre. Je veux fermer quelques portes parmi la multitude que j’ai laissées ouvertes. Achever le travail… » « Si nous travaillons comme pour la Quête, nous sommes partants », m’ont-ils répondu.
Durant la nuit qui a suivi, une vanne s’est ouverte dans ma tête. Le lendemain matin j’ai commencé à écrire.
Voilà pourquoi une deuxième trilogie est en train de voir le jour. Bien sûr, d’aucuns diront que si la première avait été un fiasco, la seconde ne serait jamais née, mais avec des si on mettrait Gwendalavir en bouteille, non ?
Mon seul frein était lié à la peur du « qu’en dira-t-on ». Je ne voulais pas être accusé de tirer sur la corde. De profiter. De faire du simplement commercial. Cette pensée m’a gêné. Beaucoup. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que j’avais une chance inouïe de pouvoir écrire ce que j’avais envie d’écrire et que j’étais un imbécile de me mettre le cerveau en pas de vis. J’ai passé un coup de serpillière dans ma tête et je me suis remis au travail. J’écris parce que j’aime écrire.
Deux pages ! L’explication ne prend que deux pages sur mon ordinateur. Je vais imprimer et si un papa de lecteur, un jour, me demande pourquoi j’ai écrit une seconde trilogie, je saurai que répondre.
Voici à quelques mots près et sans transformer le sens général du propos la question qui m’a été posée il y a peu de temps par le papa d’un lecteur d’Ewilan lors d’un salon du livre. Un papa sympathique, une question logique, à laquelle j’avais déjà réfléchi et pour laquelle je me sentais au clair, une question absolument pas gênante… sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’elle me soit posée de manière si directe.
J’ai bafouillé une réponse confuse, le papa a eu la délicatesse de s’en satisfaire et nous sommes passés à autre chose. En rentrant à la maison, je me suis remémoré la scène et j’ai décidé de jeter mes pensées sur une feuille juste pour voir si j’étais aussi clair que ça.
Souvenirs…
J’ai écrit « La Quête d’Ewilan » pour une seule et unique raison : j’avais envie de le faire. Auteur débutant, auteur inconnu, mes chances qu’un manuscrit de trois fois trois-cent pages soit accepté étaient bien maigres. Je m’en fichais. Non, bien sûr, je ne m’en fichais pas vraiment mais le refus de mon texte par un éditeur n’avait aucun effet sur le besoin et le plaisir que j’avais à écrire mon histoire.
J’ai eu de la chance. Rageot a accepté « La Quête ». Je me souviens très bien de la démesure de ma joie comme je me souviens avoir confié à mon éditrice très peu de temps après : « J’ai des tas d’idées pour la suite, si vous voulez, je vous en parle… » Sa réponse m’a ramené sur terre, en droite ligne, sans train d’atterrissage : « Nous travaillons sur une trilogie, c’est déjà un projet énorme. Il est hors de question de réfléchir maintenant à la suite de quelque-chose qui n’existe pas encore ! » Ce « détail » étant réglé, nous avons pu passer aux choses sérieuse.
L’aventure « Ewilan » a débuté. Une belle aventure. Une aventure magique. Comme prévu, un travail énorme, long, fatigant mais aussi gratifiant, euphorisant, superbe. Des jours et des jours de corrections, d’échanges de mails et de courriers, de corrections, de critiques écrites et orales, de corrections, de coups de fils interminables, de corrections… puis trois livres qui sortent à une cadence rapide. Un brin d’attente. Les premiers retours. Des lecteurs qui apprécient, des critiques plutôt bonnes, des libraires séduits, des chiffres de vente séduisants…
Pas de chevilles enflées chez Rageot ou à la maison. Juste le sentiment d’avoir bien bossé et, au-delà du résultat, le plaisir d’avoir créé des liens, dépassé le simple rapport éditeur / auteur pour trouver un équilibre travail / affect assez génial.
La Quête était achevée, c’était chose acquise, il fallait passer à autre chose. Très bien. J’avais justement quelques projets qui… Ewilan et ses copains, tapis dans un recoin de mon esprit n’étaient pas d’accord. Pas du tout d’accord. « Tout n’a pas été dit, me susurraient-ils la nuit. Tu n’as pas tout expliqué. Que devenons-nous ? Salim est-il marchombre ? Eléa Ril’ Morienval manigance-t-elle toujours ? Ellana et Edwin ont-ils un avenir commun ? Tu le sais, toi, non ? Pourquoi refuses-tu de l’écrire ? » De quoi basculer dans la schizophrénie…
J’ai d’abord fait la sourde oreille puis, un jour d’été 2003, j’ai osé aborder le sujet. J’avais beau être persuadé que j’allais me faire ramasser, que mon idée n’avait aucune chance de séduire quiconque, il fallait pourtant que je parle, que j’essaie de convaincre sous peine d’exploser… « Il ne s’agit pas de reprendre les murs de la Quête et de changer la tapisserie, ai-je expliqué à l’équipe Rageot. Je veux partir sur quelque chose de différent, quelque chose de plus sombre. Je veux fermer quelques portes parmi la multitude que j’ai laissées ouvertes. Achever le travail… » « Si nous travaillons comme pour la Quête, nous sommes partants », m’ont-ils répondu.
Durant la nuit qui a suivi, une vanne s’est ouverte dans ma tête. Le lendemain matin j’ai commencé à écrire.
Voilà pourquoi une deuxième trilogie est en train de voir le jour. Bien sûr, d’aucuns diront que si la première avait été un fiasco, la seconde ne serait jamais née, mais avec des si on mettrait Gwendalavir en bouteille, non ?
Mon seul frein était lié à la peur du « qu’en dira-t-on ». Je ne voulais pas être accusé de tirer sur la corde. De profiter. De faire du simplement commercial. Cette pensée m’a gêné. Beaucoup. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que j’avais une chance inouïe de pouvoir écrire ce que j’avais envie d’écrire et que j’étais un imbécile de me mettre le cerveau en pas de vis. J’ai passé un coup de serpillière dans ma tête et je me suis remis au travail. J’écris parce que j’aime écrire.
Deux pages ! L’explication ne prend que deux pages sur mon ordinateur. Je vais imprimer et si un papa de lecteur, un jour, me demande pourquoi j’ai écrit une seconde trilogie, je saurai que répondre.
l€maraudeur- Zeus
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Date d'inscription : 11/06/2007
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