premier chapitre
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AdospacE :: Livres :: Le pacte des marchombres :: 1) Ellana
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premier chapitre
– Pourquoi les nuages vont dans un sens et nous
dans l’autre ?
Homaël Caldin éclata d’un rire tonitruant.
– Parce que nous ne sommes pas des nuages,
Grenouille ! s’exclama-t-il en ébouriffant les cheveux
de la fillette assise à côté de lui.
Celle-ci fit la moue. Elle adorait son père, ses
gestes tendres et rudes à la fois, sa voix forte et son
inaltérable bonne humeur. Elle aimait moins qu’il
ne réponde jamais à ses questions.
Elle leva les yeux vers le ciel, contemplant les nuages
qui filaient vers le sud alors que la caravane dont
faisait partie leur chariot progressait vers le nord. Elle
sentait qu’il y avait une explication à ce phénomène
mais, à cinq ans et des poussières, les mots pour
exprimer son trouble lui manquaient cruellement.
La bâche s’entrouvrit dans son dos et sa mère se
glissa près d’elle. Fine, légère, toute de douceur et
d’intuition. L’opposé de son époux.
Et son parfait complément.
– Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens
et nous dans l’autre ?
Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des
doigts.
– Il y a deux réponses à ta question. Comme à
toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu
entendre ?
– Les deux.
– Laquelle en premier alors ?
La fillette plissa le nez.
– Celle du savant.
– Nous allons vers le nord parce que nous cherchons
une terre où nous établir. Un endroit où construire
une belle maison, élever des coureurs et cultiver des
racines de niam. C’est notre rêve depuis des années
et nous avons quitté Al-Far pour le vivre.
– Je n’aime pas les galettes de niam…
– Nous planterons aussi des fraises, promis. Les
nuages, eux, n’ont pas le choix. Ils vont vers le sud
parce que le vent les pousse et, comme ils sont très
très légers, ils sont incapables de lui résister.
– Et la réponse du poète ?
– Les hommes sont comme les nuages. Ils sont
chassés en avant par un vent mystérieux et invisible
face auquel ils sont impuissants. Ils croient maîtriser
leur route et se moquent de la faiblesse des nuages,
mais leur vent à eux est mille fois plus fort que
celui qui souffle là-haut.
La fillette croisa les bras et parut se désintéresser
de la conversation afin d’observer un vol de canards
au plumage chatoyant qui se posaient sur la rivière
proche. Indigo, émeraude ou vert pâle, ils se bousculaient
dans une cacophonie qui la fit rire aux éclats.
Lorsque les chariots eurent dépassé les volatiles, elle
se tourna vers sa mère
– Cette fois, je préfère la réponse du savant.
– Pourquoi ? demanda Isaya qui avait attendu
sereinement la fin de ce qu’elle savait être une intense
réflexion.
– J’aime pas qu’on me pousse en cachette.
Le convoi s’arrêta pour la nuit près d’un bosquet
de charmes bleus dont le feuillage automnal bruissait
sous la brise.
Il y avait douze chariots. Douze familles résolues
à s’implanter dans une des régions les moins sûres
de l’Empire.
L’intendant de Kuntil Cil’ Karn, seigneur d’Al-Far,
avait averti les pionniers qu’ils ne pourraient guère
compter sur le soutien de l’armée alavirienne, ce qui
n’avait rien changé à leur détermination. Ils étaient
partis une semaine plus tôt, laissant la confrérie de
Tintiane sur leur droite et longeant la rivière Ombre
vers le nord après l’avoir traversée pour ne pas s’approcher
des redoutables plateaux d’Astariul.
Depuis trois jours ils n’avaient plus détecté le
moindre signe d’une présence humaine et le sentiment
qu’ils touchaient au but commençait à vibrer
en eux.
Après s’être occupés des chevaux, les pionniers se
rassemblèrent autour du feu de camp pour partager
le repas du soir. Unis par une même soif de liberté,
ils avaient vu leurs liens se resserrer au cours du
voyage, tissant la trame d’une communauté solidaire
où la survie de chacun dépendait de l’aptitude
de tous à vivre en groupe.
Ils avaient longuement évoqué leur future existence
et, au fil de leurs discussions, le village de leurs
rêves s’était esquissé. Harmonieux, juste, collégial…
Ils mouraient d’envie de commencer à le bâtir.
Homaël envoya une bourrade amicale à l’un de
ses compagnons de route qui venait de se moquer
de lui, puis tourna la tête, cherchant sa femme et sa
fille. Il les découvrit assises l’une près de l’autre, un
peu à l’écart, discutant à voix basse, isolées dans cet
univers secret dont elles étaient les seules à posséder
la clef. Le coeur d’Homaël accéléra comme chaque
fois qu’il réalisait à quel point il les aimait. Lui,
si solide et si hardi, lui, si plein d’assurance qu’il
s’était vu confier le poste de maître caravanier, lui,
Homaël Caldin, n’existait que parce qu’elles existaient.
C’était sa force et sa faiblesse. Sa vraie force
et sa seule faiblesse.
Il avait rencontré Isaya six ans plus tôt, l’avait
aimée à la seconde où ses yeux s’étaient posés sur
elle, l’avait courtisée comme jamais femme n’avait
été courtisée, et quand enfin elle avait dit oui il s’était
évanoui de bonheur. Littéralement.
Leur fille était la seule enfant de la caravane. Ils
avaient d’abord craint que cette situation la perturbe
mais avaient vite changé d’avis. Une fois le village bâti,
des bébés naîtraient, nombreux, et, en attendant, la
petite qui était très éveillée s’entendait à merveille
avec les adultes qui l’entouraient.
Éveillée et têtue. Elle ne cédait que lorsqu’elle
comprenait, et elle voulait tout comprendre. Ce trait
de caractère enchantait Isaya mais Homaël, peu
porté aux explications, s’emportait souvent quand sa
fille exigeait de connaître les motifs d’une consigne
avant de lui obéir.
– Elle n’a que cinq ans ! se plaignait-il à sa femme.
Pourquoi faut-il toujours qu’elle discute ce que je dis ?
Isaya se contentait de sourire, et Homaël se calmait.
Comme par enchantement.
Lorsque, après la dernière chanson, le feu ne fut
plus alimenté, les flammes baissèrent doucement, la
nuit reprit ses droits.
Enroulés dans leurs couvertures, armes à portée
de main malgré les chiens montant la garde autour
du camp, les pionniers s’endormirent un à un.
Allongé sur le dos, Homaël ne parvenait pas à
trouver le sommeil. Il contemplait l’infinité de la
voûte céleste, le coeur serré par l’insignifiance de son
existence. Presque effrayé. N’était-ce pas folie que de
quitter la sécurité de la ville pour se lancer dans une
telle aventure ?
Comme si elle avait perçu son trouble, Isaya se
serra contre lui, et son angoisse se dissipa, remplacée
par la chaleur d’une certitude : danger ou pas, il
était heureux. Formidablement heureux.
– Elles sont si proches, murmura Isaya à son
oreille en désignant les étoiles. On dirait qu’elles vont
se poser près de nous. Tu crois que c’est possible ?
– Les étoiles ne se posent jamais près des hommes,
répondit-il dans un souffle. Sauf la plus belle d’entre
elles. Celle qui est maintenant ma femme.
Il se penchait pour l’embrasser lorsqu’une petite
main l’attrapa par l’épaule et le secoua avec détermination.
– Papa ! Et la réponse du savant, c’est quoi ?
dans l’autre ?
Homaël Caldin éclata d’un rire tonitruant.
– Parce que nous ne sommes pas des nuages,
Grenouille ! s’exclama-t-il en ébouriffant les cheveux
de la fillette assise à côté de lui.
Celle-ci fit la moue. Elle adorait son père, ses
gestes tendres et rudes à la fois, sa voix forte et son
inaltérable bonne humeur. Elle aimait moins qu’il
ne réponde jamais à ses questions.
Elle leva les yeux vers le ciel, contemplant les nuages
qui filaient vers le sud alors que la caravane dont
faisait partie leur chariot progressait vers le nord. Elle
sentait qu’il y avait une explication à ce phénomène
mais, à cinq ans et des poussières, les mots pour
exprimer son trouble lui manquaient cruellement.
La bâche s’entrouvrit dans son dos et sa mère se
glissa près d’elle. Fine, légère, toute de douceur et
d’intuition. L’opposé de son époux.
Et son parfait complément.
– Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens
et nous dans l’autre ?
Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des
doigts.
– Il y a deux réponses à ta question. Comme à
toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu
entendre ?
– Les deux.
– Laquelle en premier alors ?
La fillette plissa le nez.
– Celle du savant.
– Nous allons vers le nord parce que nous cherchons
une terre où nous établir. Un endroit où construire
une belle maison, élever des coureurs et cultiver des
racines de niam. C’est notre rêve depuis des années
et nous avons quitté Al-Far pour le vivre.
– Je n’aime pas les galettes de niam…
– Nous planterons aussi des fraises, promis. Les
nuages, eux, n’ont pas le choix. Ils vont vers le sud
parce que le vent les pousse et, comme ils sont très
très légers, ils sont incapables de lui résister.
– Et la réponse du poète ?
– Les hommes sont comme les nuages. Ils sont
chassés en avant par un vent mystérieux et invisible
face auquel ils sont impuissants. Ils croient maîtriser
leur route et se moquent de la faiblesse des nuages,
mais leur vent à eux est mille fois plus fort que
celui qui souffle là-haut.
La fillette croisa les bras et parut se désintéresser
de la conversation afin d’observer un vol de canards
au plumage chatoyant qui se posaient sur la rivière
proche. Indigo, émeraude ou vert pâle, ils se bousculaient
dans une cacophonie qui la fit rire aux éclats.
Lorsque les chariots eurent dépassé les volatiles, elle
se tourna vers sa mère
– Cette fois, je préfère la réponse du savant.
– Pourquoi ? demanda Isaya qui avait attendu
sereinement la fin de ce qu’elle savait être une intense
réflexion.
– J’aime pas qu’on me pousse en cachette.
Le convoi s’arrêta pour la nuit près d’un bosquet
de charmes bleus dont le feuillage automnal bruissait
sous la brise.
Il y avait douze chariots. Douze familles résolues
à s’implanter dans une des régions les moins sûres
de l’Empire.
L’intendant de Kuntil Cil’ Karn, seigneur d’Al-Far,
avait averti les pionniers qu’ils ne pourraient guère
compter sur le soutien de l’armée alavirienne, ce qui
n’avait rien changé à leur détermination. Ils étaient
partis une semaine plus tôt, laissant la confrérie de
Tintiane sur leur droite et longeant la rivière Ombre
vers le nord après l’avoir traversée pour ne pas s’approcher
des redoutables plateaux d’Astariul.
Depuis trois jours ils n’avaient plus détecté le
moindre signe d’une présence humaine et le sentiment
qu’ils touchaient au but commençait à vibrer
en eux.
Après s’être occupés des chevaux, les pionniers se
rassemblèrent autour du feu de camp pour partager
le repas du soir. Unis par une même soif de liberté,
ils avaient vu leurs liens se resserrer au cours du
voyage, tissant la trame d’une communauté solidaire
où la survie de chacun dépendait de l’aptitude
de tous à vivre en groupe.
Ils avaient longuement évoqué leur future existence
et, au fil de leurs discussions, le village de leurs
rêves s’était esquissé. Harmonieux, juste, collégial…
Ils mouraient d’envie de commencer à le bâtir.
Homaël envoya une bourrade amicale à l’un de
ses compagnons de route qui venait de se moquer
de lui, puis tourna la tête, cherchant sa femme et sa
fille. Il les découvrit assises l’une près de l’autre, un
peu à l’écart, discutant à voix basse, isolées dans cet
univers secret dont elles étaient les seules à posséder
la clef. Le coeur d’Homaël accéléra comme chaque
fois qu’il réalisait à quel point il les aimait. Lui,
si solide et si hardi, lui, si plein d’assurance qu’il
s’était vu confier le poste de maître caravanier, lui,
Homaël Caldin, n’existait que parce qu’elles existaient.
C’était sa force et sa faiblesse. Sa vraie force
et sa seule faiblesse.
Il avait rencontré Isaya six ans plus tôt, l’avait
aimée à la seconde où ses yeux s’étaient posés sur
elle, l’avait courtisée comme jamais femme n’avait
été courtisée, et quand enfin elle avait dit oui il s’était
évanoui de bonheur. Littéralement.
Leur fille était la seule enfant de la caravane. Ils
avaient d’abord craint que cette situation la perturbe
mais avaient vite changé d’avis. Une fois le village bâti,
des bébés naîtraient, nombreux, et, en attendant, la
petite qui était très éveillée s’entendait à merveille
avec les adultes qui l’entouraient.
Éveillée et têtue. Elle ne cédait que lorsqu’elle
comprenait, et elle voulait tout comprendre. Ce trait
de caractère enchantait Isaya mais Homaël, peu
porté aux explications, s’emportait souvent quand sa
fille exigeait de connaître les motifs d’une consigne
avant de lui obéir.
– Elle n’a que cinq ans ! se plaignait-il à sa femme.
Pourquoi faut-il toujours qu’elle discute ce que je dis ?
Isaya se contentait de sourire, et Homaël se calmait.
Comme par enchantement.
Lorsque, après la dernière chanson, le feu ne fut
plus alimenté, les flammes baissèrent doucement, la
nuit reprit ses droits.
Enroulés dans leurs couvertures, armes à portée
de main malgré les chiens montant la garde autour
du camp, les pionniers s’endormirent un à un.
Allongé sur le dos, Homaël ne parvenait pas à
trouver le sommeil. Il contemplait l’infinité de la
voûte céleste, le coeur serré par l’insignifiance de son
existence. Presque effrayé. N’était-ce pas folie que de
quitter la sécurité de la ville pour se lancer dans une
telle aventure ?
Comme si elle avait perçu son trouble, Isaya se
serra contre lui, et son angoisse se dissipa, remplacée
par la chaleur d’une certitude : danger ou pas, il
était heureux. Formidablement heureux.
– Elles sont si proches, murmura Isaya à son
oreille en désignant les étoiles. On dirait qu’elles vont
se poser près de nous. Tu crois que c’est possible ?
– Les étoiles ne se posent jamais près des hommes,
répondit-il dans un souffle. Sauf la plus belle d’entre
elles. Celle qui est maintenant ma femme.
Il se penchait pour l’embrasser lorsqu’une petite
main l’attrapa par l’épaule et le secoua avec détermination.
– Papa ! Et la réponse du savant, c’est quoi ?
Re: premier chapitre
franchement je propose ce livre a tout le monde il est genial
bottero est mon auteur preferé mes ce livres et genial
acheter le
il coute peut etre cher mes ca vaux le cout
bottero est mon auteur preferé mes ce livres et genial
acheter le
il coute peut etre cher mes ca vaux le cout
ellana caldin- perse
-
Nombre de messages : 153
Age : 33
Localisation : en gwendalavir
Loisirs : guidé salim dans la voie des marchombre
Date d'inscription : 18/04/2007
Re: premier chapitre
c'est vrai
mais bo le mieux c'est quand meme le livre
mais bo le mieux c'est quand meme le livre
ellana caldin- perse
-
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Age : 33
Localisation : en gwendalavir
Loisirs : guidé salim dans la voie des marchombre
Date d'inscription : 18/04/2007
Re: premier chapitre
moi j'adore la poesie marchombre
ellana caldin- perse
-
Nombre de messages : 153
Age : 33
Localisation : en gwendalavir
Loisirs : guidé salim dans la voie des marchombre
Date d'inscription : 18/04/2007
Re: premier chapitre
personne ne ma repondu
sniff
sniff
ellana caldin- perse
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Nombre de messages : 153
Age : 33
Localisation : en gwendalavir
Loisirs : guidé salim dans la voie des marchombre
Date d'inscription : 18/04/2007
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